Objectifs d’apprentissage

À la fin de ce sujet, l’étudiant devrait être en mesure de :

  • Décrire la façon de créer des occasions pour favoriser une santé mentale optimale.
  • Décrire des moyens par lesquels le mieux-être et les autosoins peuvent favoriser la guérison.
  • Comprendre comment soutenir la résilience afin d’améliorer les résultats pour la santé.

Concepts clés

  • Le mieux-être est un processus dynamique par lequel une personne prend conscience d’un style de vie plus sain et d’une meilleure existence en général, puis fait des choix en conséquence.
  • Le mieux-être est une notion et un cadre holistique cherchant à atteindre et à maintenir un équilibre dans tous les aspects de la vie (p. ex., mental, émotionnel, physique, spirituel, environnemental, professionnel et économique).
  • Différentes cultures préconisent différents cadres de mieux-être, qui accentuent l’importance d’écouter et de respecter les valeurs, les croyances, les pratiques et les préférences du client.
  • Il est nécessaire de favoriser le changement dans les systèmes de soins et les pratiques afin de faire place à divers cadres et à diverses approches axées sur le mieux-être et, ainsi, de réduire les iniquités en santé subies par les groupes marginalisés.
  • La mauvaise utilisation d’opioïdes et la dépendance pourraient être la manifestation d’une tentative de faire face à un événement traumatique antérieur.
  • Le renforcement de la résilience dans les collectivités permet d’assurer que les personnes aux prises avec des troubles liés à l’usage de substances ont les ressources et le soutien nécessaires pour avoir une chance équitable de s’en sortir.

En quoi consiste le mieux-être?

Définition

Mieux-être :
  • un processus conscient, autonome et évolutif de réalisation de son plein potentiel,
  • multidimensionnel et holistique, impliquant le style de vie, le bien-être mental et spirituel, ainsi que l’environnement, et
  • positif et axé sur l’affirmation.

Le mieux-être, c’est être conscient des différents aspects de la vie, soit les aspects émotionnel, professionnel, physique, social, intellectuel et spirituel.

  • En travaillant sur tous ces aspects, la personne renforce sa résilience et ses mécanismes d’adaptation positifs.

Les six dimensions du mieux-être

Wellness is comprised of 6 dimensions: physical, mental, spiritual, emotional, social, and environmental.
  1. Physique : Avoir un corps sain grâce à l’exercice, à la nutrition, au sommeil, etc.
  2. Mental : Assurer un engagement avec le monde par l’apprentissage, la résolution de problèmes, la créativité, etc.
  3. Émotionnel : Être en contact avec ses sentiments (et ceux des autres), en être conscient, les accepter et être capable de les exprimer.
  4. Spirituel : Rechercher un sens et un but dans l’existence humaine.
  5. Social : Se connecter à d’autres personnes et à nos communautés, interagir avec elles et y contribuer.
  6. Environnemental : Assurer un environnement physique sain et sans risque; prendre conscience du rôle que nous jouons pour améliorer l’environnement naturel au lieu de le dénigrer.

Lorsque l’on travaille avec une personne qui se remet de violence et de traumatismes, il importe de la soutenir dans tous les aspects de sa vie, comme illustré dans le modèle holistique et les exemples ci-dessous.

Des exemples d’occasions de favoriser le mieux-être

La contribution d’une personne à son environnement et à sa collectivité, et la création de meilleurs milieux de vie et réseaux sociaux.

Les bienfaits de l’activité physique sur une base régulière, de saines habitudes alimentaires, de réseaux sociaux étendus, de la force et de la vitalité.

L’enrichissement de la vie par le travail et son interconnexion avec l’existence et les loisirs.

L’estime de soi, l’amélioration des aptitudes sociales, la maîtrise de soi et l’autodétermination comme sens de direction.

La création de systèmes de croyances, de valeurs et d’attitudes qui entraînent l’adoption d’un mode de vie sain.

Des activités mentales créatives et stimulantes, et la mise en commun de ses talents.

Les organisations doivent s’efforcer d’établir des partenariats avec les collectivités afin d’intégrer diverses perspectives et approches du mieux-être dans leurs politiques, leurs pratiques, leurs structures, leurs systèmes et leurs processus.

Les organismes de soins de santé et les prestataires de soins de santé et de services sociaux doivent collaborer avec les collectivités afin de protéger et de renforcer la médecine et les pratiques traditionnelles, ainsi que de favoriser leur inclusion (culturellement adaptée) et leur application dans les milieux de soins dominants.

Il importe aussi de commencer là où la personne en est et d’être attentif à ce qu’elle considère comme utile, comme l’explique le Dr Pat Ogden dans cette courte vidéo sur YouTube (en anglais seulement) :

Voyez comment il est possible d’intégrer des mécanismes d’adaptation (NICABM, 2014) :

Icon for trauma.

Les individus ayant des antécédents de traumatisme ont souvent du mal à accéder aux services de soins de santé et peuvent considérer ces services comme était à nouveau traumatisants. L’adoption d’une approche tenant compte des traumatismes et de la violence permet de créer un lien significatif entre la personne et les prestataires, et pourrait aider la personne à se sentir plus à l’aise dans le cadre des interactions.

Mieux-être et culture

Il faut comprendre que la conception de mieux-être varie selon les cultures et éviter d’imposer son point de vue ou sa perspective culturelle à autrui. Par exemple, le concept d’auto-soins n’est pas nécessairement considéré comme un élément naturel dans les cultures collectivistes, contrairement aux cultures individualistes.

La pleine conscience comme mécanisme d’adaptation

L’étude de la pleine conscience pour le traitement du stress et de la douleur chronique s’étend sur plus de 30 ans; cette technique n’est toutefois pas unanimement reconnue comme une approche ou un mécanisme d’adaptation efficace dans le domaine des troubles liés à l’usage de substances.

Woman meditating ooutdoors in morning.

Définition

Mindfulness
La pleine conscience est une prise de conscience sans jugement de chaque instant de son expérience personnelle. En ce sens, la pleine conscience est un état, pas un trait de personnalité. Bien qu’elle puisse être favorisée par certaines pratiques ou activités, comme la méditation, elle n’en constitue pas une équivalence ni un synonyme. (Davis et Hayes, 2012, p. 66)

La pleine conscience implique des pratiques méditatives qui suscitent la conscience découlant de l’attention délibérément portée au moment présent, sans émettre de jugement (Kabat-Zinn, comme cité dans Purser, 2015). La pleine conscience gagne en légitimité comme approche holistique de gestion de l’anxiété, de la dépression et de la douleur chronique, des troubles susceptibles de mener à l’utilisation de substances.

Evidence icon
  • Selon des études sur les effets de la pleine conscience sur l’usage d’opioïdes, l’état de manque et la douleur associés à la consommation peuvent être atténués par la combinaison de techniques de pleine conscience et de médicaments, soit un traitement d’entretien à la méthadone.
  • Les interventions fondées sur la pleine conscience ont aussi eu du succès lorsque combinées à des approches de consultation en psychothérapie, comme la thérapie cognitivo-comportementale, dans la réduction de l’état de manque, de l’anxiété et du stress chez les personnes souffrant de troubles liés à l’usage de substances (Garland et Howard, 2018).

La pleine conscience peut s’avérer efficace pour favoriser de meilleurs auto-soins, mais aussi pour prévenir et réduire l’usure de compassion et l’épuisement professionnel chez les prestataires de soins de santé et de services sociaux.

La figure ci-dessous présente des techniques employées dans le cadre de cette approche ainsi que la relation entre les mécanismes biologiques et comportementaux et les résultats qui en découlent.

Schema detailing the effects of mindfulness-based intervention components on mechanisms and outcomes implicated in the treatment of addictive behavior.

Les techniques comme la respiration consciente, l’analyse corporelle, la pleine conscience du manque et la pleine conscience informelle sont utilisées dans les interventions basées sur la pleine conscience. Elles sont d’ailleurs utilisées en conjonction avec des mécanismes biologiques tels que l’amplification de l’activation préfrontale, l’augmentation des circuits frontostriataux, la diminution de la réactivité limbique et l’amélioration de la réactivité autonome, ainsi que des mécanismes comportementaux tels que la restructuration du traitement des récompenses, le renforcement de la fonction exécutive, le renforcement de la pleine conscience dispositionnelle, la réduction des réactions au stress, la diminution de la réactivité aux stimuli reliés aux substances et la réduction de la suppression de la pensée. Les résultats cliniques obtenus comprennent une diminution du manque, une réduction de l’utilisation de substances, une diminution de la détresse, un bien-être amélioré et un rétablissement significatif.

Usage d’opioïdes et renforcement de la résilience

Les problèmes en lien avec l’usage d’opioïdes et la dépendance pourraient être la manifestation d’une tentative de faire face à un événement traumatique antérieur. Comme plusieurs études l’ont confirmé, l’usage et la dépendance sont des réactions courantes aux traumatismes. Les prestataires de soins de santé et de services sociaux devraient s’attarder aux forces des gens plutôt qu’à leurs déficits, et leur fournir des occasions d’acquérir des compétences (mécanismes d’adaptation, mécanismes d’autorégulation, comme la pleine conscience, et reconnaissance des éléments déclencheurs) :

  • Reconnaître la résilience des personnes qui ont subi des traumatismes.
  • Encourager les compétences sociales, émotionnelles et en lien avec la résilience.
  • Favoriser l’adoption de mécanismes d’adaptation et de conscience de l’ici-maintenant pour la gestion des traumatismes (reconnaître les éléments déclencheurs, se calmer soi-même, se centrer, rester dans le moment présent).
  • Promouvoir l’élaboration de moyens pour contrôler la douleur (p. ex., techniques de relaxation, exercices de pleine conscience, yoga, exercices physiques, techniques de respiration).
  • Favoriser les compétences relationnelles et d’attachement.
  • Établir des plans de sécurité et encourager l’établissement d’objectifs.

Renforcer la résilience des collectivités permet aussi de garantir une chance égale de réussite aux personnes souffrant de troubles liés à l’usage de substances :

  • Les déterminants sociaux de la santé (éducation, emploi, logement et revenu) sont en étroite corrélation avec le sentiment de compétence et de maîtrise d’un individu, ce qui influence sa capacité à s’adapter à son environnement et à bien se porter.
  • Un logement et des ressources, comme des services de santé, du soutien du revenu, du soutien social et une sécurité d’emploi, peuvent grandement aider les personnes aux prises avec un trouble lié à l’usage de substances à mettre de la stabilité dans leur vie
  • Des investissements dans les ressources communautaires, par exemple, pour améliorer les services communautaires et les services de soutien par les pairs, et une collaboration accrue avec le secteur des soins primaires peuvent améliorer l’accès aux services et faciliter l’adoption des ressources et des soutiens pour ainsi atténuer les inégalités en santé et créer des collectivités plus résilientes.
Regulations icon

Il est essentiel d’appuyer les politiques et les lois qui favorisent la santé, l’abordabilité des logements, l’accès aux ressources d’emploi et le soutien du revenu.

Les prestataires de soins de santé et de services sociaux doivent s’efforcer de modifier les politiques et les pratiques qui ne répondent pas à la diversité ou qui reproduisent les effets de la colonisation, comme des lois (touchant, entre autres, les structures, les systèmes ou les processus de financement) qui empêchent les communautés autochtones de concevoir et de régir des services sanitaires et sociaux qui reconnaissent et appuient l’accès aux remèdes traditionnels et aux pratiques de guérison fondées sur le territoire tout en assurant leur protection et leur utilisation.

  • Il importe d’appeler les organismes de soins et de services sociaux à intégrer des personnes ayant une expérience vécue et des membres de leur famille à titre de membres votants de leurs conseils d’administration respectifs afin d’élaborer des outils et des ressources communautaires inclusifs.
  • Les prestataires de soins de santé et de services sociaux devraient soutenir l’introduction d’un modèle de soins par étapes commun.

Questions

Parmi les éléments suivants, lesquels entrent dans la définition de mieux-être? (Choisissez toutes les réponses qui s’appliquent.)


Le mieux-être a une composante culturelle.


La pleine conscience n’est pas un traitement acceptable pour ce qui est de l’usage ou l’abus de substances.


Il peut être traumatisant pour certaines personnes de prendre conscience de leur corps durant la thérapie ou le traitement.


Références

Assembly of First Nations. (2015). First Nations mental wellness continuum framework. Health Canada. https://thunderbirdpf.org/first-nations-mental-wellness-continuum-framework/

Davis, D. M., & Hayes, J. A. (2012). What are the benefits of mindfulness? Monitor on Psychology, 43(7), 65–70. https://www.apa.org/education/ce/mindfulness-benefits.pdf

Dumont, J. (2014). Indigenous wellness framework. https://thunderbirdpf.org/wp-content/uploads/2015/07/4_Indigenous_Wellness_Framework.pdf

Garland, E. L., & Howard, M. O. (2018). Mindfulness-based treatment of addiction: current state of the field and envisioning the next wave of research. Addiction Science & Clinical Practice, 13(1), 14. https://doi.org/10.1186/s13722-018-0115-3

Global Wellness Institute. (n.d.). What is wellness? https://globalwellnessinstitute.org/what-is-wellness/

Hettler, B. (1976). Six dimensions of wellness model. National Wellness Institute. https://cdn.ymaws.com/members.nationalwellness.org/resource/resmgr/pdfs/sixdimensionsfactsheet.pdf

Kabat-Zinn, J., & Hanh, T. N. (2009). Full catastrophe living: Using the wisdom of your body and mind to face stress, pain, and illness. Bantam Books.

Nathoo, T., Poole, N., & Schmidt, R. (2018). Trauma-informed practice and the opioid crisis: A discussion guide for health care and social service providers. BC Centre of Excellence for Women’s Health.

National Native Addictions Partnership Foundation. (2014). Honouring our strengths: Indigenous culture as intervention in addictions treatment project—University of Saskatchewan (Funding Reference Number AHI-120535). Canadian Institutes of Health Research.

NICABM. (2014, October 31). How to help trauma patients feel safe [Video]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=-eQ64ctFUUk

Purser, R. (2015). The myth of the present moment. Mindfulness, 6, 680–686. https://doi.org/10.1007/s12671-014-0333-z

Taha, S., Maloney-Hall, B., & Buxton, J. (2019). Lessons learned from the opioid crisis across the pillars of the Canadian drugs and substances strategy. Substance Abuse Treatment, Prevention, and Policy, 14(1), 1–10.