Module 6: Éducation sur l’usage d’opioïdes – Indicateur D
Apprendre aux personnes, aux familles, au personnel de soutien/aux aidants et aux communautés à reconnaître les méfaits liés à l’usage d’opioïdes (y compris les surdoses) et à y réagir, et les informer à propos des trousses de naloxone pour emporter.
Objectifs d’apprentissage
À la fin de ce sujet, l’étudiant devrait être capable de :
Décrire le mécanisme de la dépression respiratoire induite par les opioïdes (DRIO).
Décrire les signes et les symptômes d’une surdose d’opioïdes.
Comprendre le mécanisme d’action de la naloxone.
Nommer les éléments contenus dans une trousse de naloxone.
Enseigner la méthode d’administration de la naloxone.
Expliquer l’importance de composer le 911 pour tout cas soupçonné de surdose d’opioïde.
Expliquer la Loi sur les bons samaritains secourant les victimes de surdose en contexte de surdose d’opioïde.
Concepts clés
Les opioïdes ont divers effets sur le corps humain. En concentrations élevées, les opioïdes ralentissent la respiration, perturbent le centre respiratoire du cerveau et réduisent sa sensibilité aux variations des taux d’oxygène et de dioxyde de carbone.
La victime d’une surdose d’opioïde pourrait avoir une respiration superficielle et laborieuse, voire inexistante, et pourrait ne pas réagir aux stimuli oraux ou physiques, en plus d’avoir de petites pupilles contractées.
La naloxone est un antagoniste (c.-à-d., un bloqueur) des récepteurs opioïdes. Lorsqu’un opioïde stimule les récepteurs d’opioïdes de manière excessive et cause une dépression respiratoire, la naloxone vient disputer la liaison des récepteurs à cet opioïde, qu’elle repousse des récepteurs pour ainsi annuler la surdose.
Une trousse de naloxone typique peut contenir des gants stériles et deux doses ou plus de naloxone, que ce soit une formulation pour injection intramusculaire dans le bras ou la jambe, ou une formulation pour administration intranasale (vaporisée dans une narine). De plus, elle comprend souvent un feuillet d’instructions, des tampons d’alcool et un masque respiratoire d’urgence.
La naloxone est un médicament à courte durée d’action et ses effets peuvent s’estomper plus rapidement que ceux de nombreux opioïdes. Il est crucial de composer le 911 même si la naloxone semble annuler la surdose, car ses effets pourraient s’estomper.
La peur d’être puni par les autorités policières empêche certains de composer le 911. La Loi sur les bons samaritains secourant les victimes de surdose protège les personnes présentes sur les lieux d’une surdose qui sont en possession de drogues ou d’accessoires destinés à la consommation de drogues.
Une surdose d’opioïde constitue une urgence médicale, et peu importe le résultat, le fait d’administrer de la naloxone, de composer le 911, d’administrer la RCR ou d’être témoin de l’épisode peut s’avérer très stressant et difficile.
Dépression respiratoire induite par les opioïdes (DRIO), aussi appelée surdose d’opioïde
Les opioïdes stimulent les récepteurs opioïdes mu (μ), delta (δ) et kappa (κ) dans l’ensemble de l’organisme.
Dans le centre respiratoire (soit un amas de noyaux du tronc cérébral), les récepteurs opioïdes μ jouent un rôle essentiel dans la régulation de la respiration.
Betts, J. G., Young, K. A., Wise, J. A., Johnson, E., Poe, B., Kruse, D. H., Korol, O., Johnson, J. E., Womble, M. et DeSaix, P. (2013). Anatomy and Physiology. OpenStax. https://openstax.org/books/anatomy-and-physiology/pages/1-introduction and licensed under (CC BY 4.0).
Lorsque la concentration d’opioïdes augmente dans le cerveau, le fonctionnement du centre respiratoire est perturbé, ce qui réduit sa sensibilité aux variations de pH et des taux d’oxygène et de dioxyde de carbone.
Habituellement, quand la respiration ralentit, le taux de dioxyde de carbone augmente, le taux d’oxygène diminue et le centre respiratoire accentue la respiration sans contrôle conscient.
La présence d’opioïdes perturbe le fonctionnement du centre respiratoire, et malgré une diminution de la respiration, le centre se « désactive » et ne peut renverser la dépression respiratoire.
La respiration devient de plus en plus superficielle et rare, risquant même de s’arrêter.
Les facteurs qui augmentent le risque de surdose d’opioïde comprennent la dose d’opioïde administrée, la puissance de l’opioïde, la présence d’autres dépresseurs du système nerveux central (p. ex., alcool, benzodiazépines), les maladies cardiovasculaires préexistantes, les maladies respiratoires, l’apnée obstructive du sommeil et tout autre facteur susceptible d’entraver la respiration.
Signes et symptômes de la DRIO
Voici des signes et symptômes de la DRIO :
Respiration lente, superficielle ou voire inexistante
Myosis (pupilles contractées)
Lèvres, ongles et peau mauves ou bleus
Peau moite et froide
Corps, bras et jambes flasques
Aucune réaction si quelqu’un crie ou secoue la personne affectée
La naloxone est un antagoniste (c.-à-d. un bloqueur) des récepteurs opioïdes.
La naloxone compétitionne avec les opioïdes (agonistes) pour se lier aux récepteurs opioïdes, y compris les récepteurs µ, dans le centre respiratoire.
En cas de DRIO, la naloxone annule les effets de l’opioïde sur le centre respiratoire, rétablissant le fonctionnement physiologique normal (la respiration).
La naloxone annule aussi d’autres effets des opioïdes, dont leur incidence sur la douleur et l’euphorie, et son administration peut provoquer des frissons, des douleurs musculaires, des nausées et vomissements et de la diarrhée.
Chez les personnes ayant une dépendance aux opioïdes, la naloxone peut entraîner des symptômes de sevrage.
ampoules ou flacons de 1 mL de chlorhydrate de naloxone à 0,4 mg/mL, pour injection intramusculaire;
masque respiratoire d’urgence;
gants sans latex;
carte d’attestation de formation et/ou feuillet d’instructions;
tampons d’alcool (pour l’administration de naloxone par injection);
deux seringues sécuritaires, de calibre 25, 1 pouce (2,5 cm) de longueur (pour l’administration de naloxone par injection);
dispositif d’ouverture des ampoules (pour l’administration de naloxone par injection).
Selon les endroits, on peut obtenir des trousses de naloxone (gratuites, souvent sans nécessiter de carte d’assurance maladie) dans les pharmacies, les organismes de santé publique, les sites de prévention des surdoses et d’autres services de proximité.
Si une pharmacie n’offre pas de naloxone, n’en fait pas la promotion ou n’en a pas en stock, DEMANDEZ-LA! Des pharmacies pourraient ne pas conserver de trousses de naloxone notamment parce qu’elles ne pensent pas que leurs patients et clients souhaitent s’en procurer.
Administration de la naloxone
La naloxone intramusculaire (IM) peut être injectée dans un grand muscle (épaule, jambe).
La naloxone intranasale (IN) est pulvérisée dans une narine.
Si aucun effet (aucun changement dans la respiration ou la réactivité) n’est produit, une ou plusieurs doses additionnelles peuvent être administrées.
Il est impossible d’administrer trop de naloxone!
Si une surdose est soupçonnée, mais sans certitude, il faut tout de même administrer de la naloxone.
Même si une surdose est annulée par la naloxone, il faut signaler le 911. Les effets de la naloxone peuvent s’estomper plus rapidement que ceux de nombreux opioïdes.
Comment administrer la naloxone intranasale :
Comment administrer la naloxone intramusculaire :
Loi sur les bons samaritains secourant les victimes de surdose
Lors d’une surdose d’opioïde, la peur des autorités policières peut empêcher une personne de composer le 911, en particulier en présence de drogues illégales ou d’accessoires destinés à la consommation de drogues.
La Loi sur les bons samaritains secourant les victimes de surdose protège les personnes présentes sur une scène de surdose d’opioïde des accusations de possession d’une substance réglementée et de non-respect des conditions liées aux accusations relatives à la drogue, dont la mise en liberté conditionnelle, l’ordonnance de probation, la peine avec sursis et la violation des conditions de la libération conditionnelle.
Cette loi ne protège pas des mandats non exécutés, du trafic de stupéfiants ou d’autres crimes.
Good Samaritan Drug Overdose Act: poster. (2018). [PDF]. Government of Canada. https://www.canada.ca/en/health-canada/services/substance-use/problematic-prescription-drug-use/opioids/toolkit/awareness-resources.html.
Wallet Card. (2015). [PDF]. Waterloo Region Crime Prevention Council. https://preventingcrime.ca/our-work/overdose-prevention/.
Après la surdose
Il peut s’avérer très stressant d’être impliqué dans un cas de surdose d’opioïde, que l’on en soit victime, que l’on administre de la naloxone, que l’on compose le 911 ou que l’on soit témoin de l’épisode.
Dans bien des cas, aucun suivi n’est offert aux gens, ni possibilité de discuter de leurs émotions liées aux événements.
Toute personne qui ressent de l’anxiété ou de l’inquiétude après avoir été impliquée dans un cas de surdose ou avoir administré de la naloxone devrait parler à un professionnel de la santé et des services sociaux ou à une ressource communautaire.
Pour ceux qui ont perdu un être cher, les professionnels de la santé et des services sociaux et les groupes communautaires peuvent être une source d’information et de soutien. En raison de la crise des opioïdes, des groupes de soutien propres aux personnes en deuil d’une victime de surdose pourraient être accessibles.
Maintenant que vous avez lu ce contenu, considérez le scénario suivant :
Un groupe de décideurs politiques suggère que « tout le monde » devrait avoir une trousse de naloxone à portée de main. Êtes-vous en accord ou en désaccord avec cet énoncé? Pourquoi?
Réfléchissez à cette question en prenant en compte ce que vous venez d’apprendre.
Questions
Références
BC Centre for Disease Control. (2017). BC overdose prevention services guide, 2017. http://www.bccdc.ca/resource-gallery/Documents/Guidelines%20and%20Forms/Guidelines%20and%20Manuals/Epid/Other/BC%20Overdose%20Prevention%20Services%20Guide_Jan2019.pdf
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