Objectifs d’apprentissage

À la fin de ce sujet, l’étudiante ou l’étudiant devrait être en mesure :

  • de nommer les interventions pharmacologiques et non pharmacologiques pour gérer la douleur;
  • de décrire les risques et les avantages des interventions thérapeutiques pour le soulagement de la douleur;
  • d’élaborer un plan de soins qui intègre l’éducation des personnes qui souffrent quant aux interventions non pharmacologiques;
  • de démontrer une reconnaissance de la douleur comme une expérience personnelle influencée par plusieurs facteurs.

Concepts clés

  • La douleur est une expérience propre à chaque personne pouvant être influencée par divers facteurs, comme l’âge, le genre, la culture, les antécédents en matière de douleur, l’anxiété et la peur.
  • La tolérance à la douleur est aussi une expérience individuelle qui peut varier selon le contexte où la douleur est ressentie.
  • La gestion de la douleur vise à améliorer les fonctions et à réduire la fréquence et l’intensité des symptômes, sans nécessairement éliminer complètement la douleur. Pour reconnaître les gains progressifs et réorienter les objectifs, il est recommandé d’avoir des attentes réalistes et d’effectuer des évaluations fréquentes.
  • De nombreuses interventions non pharmacologiques, comme la relaxation, la méditation et le massage, ont démontré leur efficacité à réduire la douleur.
  • Les différents types de douleur peuvent réagir différemment aux traitements pharmacologiques et non pharmacologiques.
  • La gestion de la douleur nécessite une évaluation exhaustive de cette douleur, ainsi que des réévaluations fréquentes.
  • Les essais menés sur les interventions non opioïdes doivent être adéquats quant à la durée, au dosage et à la fréquence, en plus de comprendre une réévaluation de la douleur.
  • Les options non pharmacologiques peuvent être employées seules ou en combinaison avec des interventions pharmacologiques, de sorte à élaborer un plan de soins complet et personnalisé.
  • Une approche d’équipe multidisciplinaire est requise pour gérer la douleur chronique de façon optimale.
  • Les opioïdes utilisés pour la gestion de la douleur chronique non cancéreuse devraient être administrés selon un horaire régulier, et non au besoin (prn).
  • L’optimisation des soins passe par l’établissement de relations de confiance entre les prestataires de soins de santé et de services sociaux et les personnes qui souffrent. Les objectifs de la personne souffrant de douleur doivent toujours être pris en considération dans le plan de soins.

Traitement de la douleur

Photo of book that on table titled Pain Management.

De nombreuses interventions pharmacologiques et non pharmacologiques sont offertes aux personnes qui souffrent de douleur aiguë ou chronique. L’emploi d’une intervention pour gérer la douleur peut être limité par :

  • ses effets secondaires;
  • ses risques;
  • son coût;
  • sa disponibilité;
  • son efficacité;
  • l’accès au soutien requis.

Pour la plupart des gens, la meilleure approche consiste à combiner les interventions pharmacologiques et non pharmacologiques optimales.

REMARQUE : La probabilité de réussite de la gestion de la douleur est augmentée par l’établissement d’une relation de confiance entre la personne et le prestataire de soins de santé et de services sociaux, mais aussi par la participation d’une équipe interdisciplinaire.

Interventions non pharmacologiques pour gérer la douleur

Diverses interventions non pharmacologiques d’efficacité variable sont offertes pour la gestion de la douleur aiguë et chronique. Voici des interventions qui entraînent des effets faibles ou modérés de gestion de la douleur :

Douleur aiguë

  • Réconfort – L’éducation du client axée sur la probabilité d’obtenir des résultats positifs a démontré un certain succès pour le traitement des maux de dos aigus. En général, il est recommandé au prestataire de soins de santé et de services sociaux d’adopter une attitude confiante et rassurante lors du traitement de personnes souffrantes.
  • Diversion ou distraction – Il a été démontré que l’emploi de distractions visuelles ou auditives, comme la réalité virtuelle et la musique de relaxation, atténue l’expérience de douleur aiguë (De Silva et al., 2016).
  • Application de compresses froides et de chaleur – Il a été démontré qu’un traitement combiné au froid et à la chaleur réduit les maux de dos aigus (Dehghan et Farahbod, 2014).

Douleur chronique non cancéreuse

Woman laying down with acupuncture needles on her back.
  • Acupuncture et digipuncture
  • Massage
  • Physiothérapie (certains exercices ciblés, comme des étirements)
  • Thérapie au laser de basse fréquence
  • Yoga
  • Taï-chi
  • Application de chaleur ou de froid
  • Psychothérapie, comme la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), la thérapie d’acceptation et d’engagement, la thérapie par conditionnement opérant, la relaxation progressive, la rétroaction biologique par électromyographie et la méditation pleine conscience
  • Musicothérapie
  • Zoothérapie
  • Toucher thérapeutique
  • Neurostimulation électrique transcutanée (NSTC

Avantages

Les interventions non pharmacologiques comportent habituellement peu de risque d’effets secondaires et d’effets indésirables.

Inconvénients

  • Les interventions non pharmacologiques peuvent être trop dispendieuses pour les personnes qui ne détiennent pas de régime d’assurance maladie complémentaire ou qui sont géographiquement désavantagées en matière d’accès.
  • L’accès aux interventions effectuées par un clinicien (p. ex, psychologue, ergothérapeute) peut s’avérer difficile et dispendieux.
  • Il existe des options numériques pour la TCC et d’autres thérapies comportementales, ainsi que pour la méditation pleine conscience, mais elles peuvent aussi être coûteuses et leur efficacité n’est pas bien connue.

Interventions pharmacologiques pour gérer la douleur aiguë

Divers analgésiques opioïdes et non opioïdes permettent de réduire la douleur aiguë.

Woman sitting at table with a variety of pills.

Acétaminophène

L’acétaminophène est utilisé pour soulager la douleur légère à modérée.

Risques

  • Hépatotoxicité (lésion du foie) en cas de surutilisation ou chez les personnes atteintes d’une maladie hépatique évolutive

Avantages

  • Moins d’effets secondaires et d’effets indésirables qu’une dose complète d’anti-inflammatoires non stéroïdiens

Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Les AINS, comme l’ibuprofène, le naproxène et le kétorolac sont utilisés pour gérer la douleur aiguë faible à modérée.

Risques

  • Troubles gastro-intestinaux, ulcère gastroduodénal
  • À utiliser avec précaution en cas d’asthme, d’insuffisance cardiaque, d’insuffisance rénale et d’hypertension

Avantages

  • Efficaces comme analgésiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires

Opioïdes

Les opioïdes, dont la morphine, l’hydromorphone et l’oxycodone ont un puissant effet analgésique.

Risques

  • Dépression des systèmes physiologiques
    • Système nerveux central (respiration ralentie, fatigue extrême) et appareil digestif (constipation)
    • o L’usage à long terme peut entraîner des changements hormonaux susceptibles de provoquer une altération de l’humeur et de la fonction sexuelle, l’aménorrhée (absence de menstruations), la gynécomastie (hypertrophie mammaire), l’hyperalgésie (lorsque les opioïdes aggravent la douleur plutôt que de la soulager), une tolérance, une dépendance, un sevrage et un trouble lié à l’utilisation d’opioïdes (voir le Module 7, Indicateur B)
  • Risque de surutilisation, d’abus, de diversion

Avantages

  • Aucune toxicité majeure

Interventions pharmacologiques pour gérer la douleur chronique

En plus des traitements offerts pour soulager la douleur aiguë, d’autres interventions pharmacologiques permettent de traiter la douleur chronique.

Antidépresseurs tricycliques

Des médicaments comme la nortriptyline, la désipramine et l’amitriptyline.

Risques

  • Effets anticholinergiques (bouche sèche, constipation, miction intermittente, rétention urinaire chez les personnes atteintes d’hypertrophie bénigne de la prostate, tachycardie)
  • Hypotension orthostatique
  • Délire
  • Seuil convulsif abaissé
  • Dysfonction sexuelle
  • Arythmie cardiaque, prolongation du QT

Avantages

  • Traitement efficace de la douleur neuropathique
  • Améliore le sommeil

Antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSN)

Médicaments comme la venlafaxine et la duloxétine.

Risques

  • Effets sur le SNC : Somnolence
  • Fatigue
  • Troubles gastro-intestinaux, nausées
  • Sommeil troublé
  • Hypertension liée à la dose (>225 mg de venlafaxine par jour)

Avantages

  • Traitement efficace de la douleur neuropathique

Anticonvulsivants

Médicaments comme la gabapentine, le divalproex, le topiramate, la prégabaline et la carbamazépine.

Risques

  • Relativement courants pour la plupart des anticonvulsivants : étourdissements, somnolence, maux de tête, confusion ou anomalie de la pensée, perte ou prise de poids
  • La gabapentine et la prégabaline sont parfois associées à un mauvais usage

Avantages

  • Efficacité prouvée pour le traitement de la douleur neuropathique et la prophylaxie antimigraineuse (gabapentine, divalproex, topiramate)
  • Peut être utile contre la douleur vive, lancinante ou fulgurante
  • La prégabaline s’est montrée efficace dans le traitement de l’algie post-zona, de la neuropathie diabétique et de la fibromyalgie, en plus d’avoir un effet positif sur le sommeil

Cannabinoïdes

Cannabinoïdes, dont le CBD (cannabidiol)/THC (tétrahydrocannabinol) contenu dans la matière végétale du cannabis et les produits pharmaceutiques cannabinoïdes.

Risques

(en ordre décroissant de fréquence)

  • Effets sur le SNC : sédation, étourdissements, ataxie, engourdissements
  • Troubles de l’attention ou pensées décousues, déficit de mémoire, désorientation ou confusion
  • Vision floue ou hallucinations visuelles

Avantages

REMARQUE : Les études ont produit des données probantes de très mauvaise qualité (Mücke et al., 2018)

  • Douleur chronique (neuropathique ou cancéreuse) : ~30 % d’efficacité pour les cannabinoïdes
  • Douleur neuropathique : ~30 % d’efficacité pour les cannabinoïdes
  • Leur usage peut être envisagé pour le traitement de la douleur neuropathique réfractaire ou de la douleur en contexte de soins palliatifs

Anesthésiques topiques

Médicaments comme la lidocaïne topique à 5 % et la lidocaïne/xylocaïne à 5 % pour la douleur localisée.

Risques

  • Minimes; possible réaction locale
  • Non-respect involontaire ou erreurs d’administration : pour la douleur localisée, le timbre devrait être appliqué pendant 12 heures, puis retiré pendant 12 heures

Avantages

  • Efficace contre l’algie post-zona
  • Peut servir à traiter la douleur neuropathique localisée si les médicaments par voie orale sont contre-indiqués

Capsaïcine topique

Produits comme la capsaïcine à 0,025 % ou 0,075 %.

Risques

  • Brûlure locale, démangeaisons ou érythème
  • Nécessite un essai adéquat de 6 à 8 semaines

Avantages

  • Traitement efficace de la douleur neuropathique et musculosquelettique

AINS topiques

Médicaments comme le diclofénac et le kétoprofène (composé).

Risques

  • Peu de données probantes quant à leur efficacité contre la douleur chronique non cancéreuse
  • Irritation locale

Avantages

  • Moins d’effets secondaires systémiques que les préparations orales

Questions

Vrai ou Faux : La prestation de soins optimaux passe par l’établissement d’une relation de confiance avec un prestataire de soins de santé et de services sociaux.


Laquelle des affections suivantes représente un risque lié à l’usage d’anti-inflammatoires non stéroïdiens pour la gestion de la douleur?


Pour éduquer une personne sur l’usage de cannabinoïdes pour le traitement de la douleur, comment décririez-vous les avantages fondés sur des données probantes?


Quelles interventions non pharmacologiques se sont avérées efficaces dans le traitement de la douleur chronique non cancéreuse? (Choisissez toutes les réponses qui s’appliquent.)


Références

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