À la fin de ce sujet, l’étudiante ou l’étudiant devrait être en mesure :
Un Canadien sur cinq souffre de douleur chronique (Groupe de travail canadien sur la douleur, 2019). La douleur chronique est une expérience personnelle influencée par tous les aspects de la vie d’une personne et de ceux qui se soucient d’elle; elle agit à son tour sur tous ces aspects.
REMARQUE : Comme la douleur est une expérience personnelle et subjective, sa gestion doit tenir compte de l’expérience de la douleur au-delà des symptômes physiques.
Les prestataires de soins de santé et de services sociaux doivent considérer les déterminants sociaux de la santé, qui sont non seulement liés à l’expérience de la douleur, mais peuvent aussi être des obstacles ou des facilitateurs à la gestion de celle-ci.
Le modèle biopsychosocial est une approche acceptée permettant de comprendre l’évaluation, la prévention et le traitement de la douleur chronique. Il est reconnu que la santé comprend des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux, comme illustré ci-dessous.
Ong, L. (n.d.). Health psychology. Perspectives Clinics. http://perspectivesclinic.com/health-psychology/
Ce modèle reconnaît que plusieurs facteurs biologiques, psychologiques et sociaux peuvent compliquer ou favoriser la santé d’une personne.
La douleur est considérée comme un phénomène biomédical qui dépasse l’expression neurologique de stimuli douloureux. Elle se caractérise par l’interaction complexe de facteurs physiologiques, psychologiques et sociaux qui influencent son expérience. Ainsi, la douleur est vécue différemment par chacun en raison des interactions uniques et dynamiques qui surviennent entre ces facteurs.
Selon le modèle biopsychosocial, tous les aspects de la vie d’une personne peuvent affecter l’expérience de la douleur et être affectés par cette expérience. Par conséquent, l’expérience de douleur physique d’une personne sera tributaire de son état psychologique et ses expériences sociales.
L’impact de la douleur physique sur les facteurs psychosociaux est illustré dans les exemples qui suivent.
La douleur peut empêcher totalement ou partiellement une personne d’accomplir ses activités quotidiennes, comme s’habiller, se nourrir, faire sa toilette, magasiner, etc., et augmente sa dépendance envers les autres.
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L’incapacité causée par la douleur crée un besoin d’assistance provenant des autres et des aides à la mobilité.
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La fatigue ou l’épuisement en raison de la douleur ont un impact sur la participation sociale de la personne qui souffre.
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La douleur peut affecter l’excitation sexuelle, ce qui peut nuire aux relations intimes.
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Une personne aux prises avec de la douleur peut ressentir les effets de celle-ci sur sa vie sociale. Voici quelques exemples :
L’impact psychologique de la douleur peut se manifester de diverses manières :
En raison :
Le bien-être spirituel peut être durement touché par la douleur chronique. La souffrance spirituelle est fréquemment subie par les personnes atteintes d’une maladie grave ou mettant en danger la vie du malade ainsi que par leur famille. L’incapacité à gérer cliniquement la douleur physique peut découler en partie de besoins émotionnels et spirituels non comblés.
REMARQUE : La détresse spirituelle est ressentie chez 25 % des personnes recevant un traitement pour le cancer (Schultz et al., 2017).
Définition
Une personne en détresse spirituelle peut exprimer des préoccupations quant au sens de la vie et de la mort, remettre en question le sens de la souffrance ou de sa propre existence, verbaliser un conflit intérieur quant à ses croyances, exprimer sa colère envers Dieu ou un autre être suprême (quelle qu’en soit la définition), ou rechercher activement un soutien spirituel (O’Toole, 2003).
Dans le cadre du processus d’évaluation et de planification des interventions, les professionnels de la santé et des services sociaux doivent être conscients que des personnes souffrant de douleur chronique pourraient se sentir diminuées sur le plan spirituel, ce qui risque d’entraîner une augmentation de l’utilisation de substances et la formation d’un cercle vicieux.
La douleur peut aussi affecter négativement les familles et les sources de soutien. Par exemple, les familles de personnes souffrant de douleur chronique et de divers degrés d’incapacité qui l’accompagne pourraient devoir assumer de nouveaux rôles, de nouvelles responsabilités et de nouvelles expériences, notamment :
La vie des membres d’une famille peut être affectée par bien des aspects affectant la personne qui souffre de douleur chronique :
L’évaluation et le traitement de la douleur chronique, qu’elle soit liée au cancer ou à d’autres causes, nécessitent une évaluation globale de la famille, des amis et des systèmes de soutien impliqués dans la vie du client. Les plans de traitement et de gestion devraient comprendre des interventions visant à réduire le risque de mauvais résultats, par exemple :
Tout plan d’intervention devrait s’appuyer sur les forces détectées.
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