Objectifs d’apprentissage

À la fin de ce thème, l’étudiant devrait être capable de :

  • Expliquer comment la tolérance et la dépendance aux opioïdes se manifestent et pourquoi le sevrage est accompagné de symptômes.
  • Reconnaître les signes et les symptômes de sevrage des opioïdes.
  • Décrire les agents pharmacologiques utilisés pour le traitement des symptômes de sevrage des opioïdes.
  • Décrire le rôle du sevrage des opioïdes dans la recherche de drogues et l’usage d’opioïdes non réglementés.

Concepts clés

  • L’usage continu d’opioïdes peut entraîner une tolérance. Une personne pourrait devoir augmenter sa dose d’opioïdes pour obtenir le même effet.
  • L’usage continu d’opioïdes peut provoquer une dépendance. Une personne dépendante aux opioïdes présentera des symptômes de sevrage si elle cesse brusquement d’en consommer.
  • Les signes et symptômes de sevrage comprennent, entre autres, douleurs musculaires, diarrhée, nausées et vomissements, frissons et chair de poule, bâillements, transpiration, anxiété, agitation, éternuements, rythme cardiaque accéléré et perturbations du sommeil.
  • Plusieurs patients ont des symptômes de sevrage avant le début de tout traitement par agonistes opioïdes. D’autres pharmacothérapies permettent de contrôler le sevrage; celles-ci incluent des médicaments sur ordonnance et en vente libre.
  • Les symptômes de sevrage des opioïdes peuvent entraîner une prolongation de l’ordonnance d’opioïdes, le détournement d’une ordonnance d’opioïdes et l’usage d’opioïdes non réglementés.

Tolérance et dépendance

Le corps humain possède son propre système opioïde qui s’occupe de réguler la douleur, l’humeur, le tractus gastro-intestinal et bien d’autres fonctions.

Les opioïdes endogène sont des peptides produits naturellement par le corps humain. Ils contiennent plusieurs types d’endorphines, d’enképhalines et de dynorphines, qui lient et activent les récepteurs opioïdes.

Flow chart of endogenous opioid subgroups with focus on endorohins.

Organigramme où les opioïdes endogènes figurent au sommet. Les opioïdes endogènes pointent vers des sous-catégories : les endorphines, les enképhalines, les dynorphines, les endomorphines, l’orphanine-FQ/la nociceptine (les quatre derniers sont d’une autre couleur). Les endorphines pointent vers les sous-catégories bêta-endorphine, endorphine-1 et endorphine-2.

Équilibre naturel du système opioïde

Comme tous les systèmes du corps humain, le système opioïde s’autorégule : lorsque le système devient hyperactif, l’organisme prend les mesures nécessaires pour limiter l’activité; dans le cas contraire, des mesures s’enclenchent pour augmenter l’activité.

Que se passe-t-il lorsqu’une personne fait l’usage d’opioïdes?

Lors de la prise d’opioïdes exogènes (c.-à-d. des opioïdes provenant de l’extérieur du corps humain), le système opioïde endogène réagit par une diminution de ses activités, ce qui inclut notamment la réduction de la production de peptides opioïdes, entraînant une réduction du nombre de récepteurs.

  • L’organisme commence son adaptation à la présence de l’opioïde exogène.

Cette adaptation peut s’accompagner d’une certaine tolérance : la personne aura alors besoin d’une quantité croissante de la drogue pour obtenir le même effet.

  • Avec un usage continu, l’activité du système opioïde endogène pourrait se voir de plus en plus perturbée.
  • Tôt ou tard, cette activité est réduite au point où l’organisme devient dépendant aux opioïdes exogènes utilisés en continu, ce qu’on appelle la dépendance aux opioïdes.

Sevrage

Une personne dépendante aux opioïdes subira des symptômes de sevrage si elle en cesse l’usage. Les symptômes de sevrage comprennent :

Man sitting cross-legged on bed in a darkened room, head held in his hands.
  • douleurs et faiblesse musculaires;
  • diarrhée et crampes abdominales;
  • nausées et vomissements;
  • frissons et chair de poule;
  • bâillements;
  • transpiration, changements dans la température du corps;
  • anxiété;
  • agitation;
  • éternuements et écoulement nasal;
  • fréquence cardiaque rapide; et
  • perturbations du sommeil.

Si ces symptômes se manifestent, ils sont aussitôt annulés par une nouvelle dose d’opioïde.

La gravité du sevrage s’évalue cliniquement à l’aide de la grille d’évaluation de sevrage (COWS, ou Clinical Opiate Withdrawal Scale).

Gestion du sevrage

En plus de la thérapie par agonistes opioïdes, des médicaments non opioïdes sont utilisés pour gérer les symptômes du sevrage des opioïdes, par exemple :

Healthcare practitioner showing client a blister pack of pills.
  • la clonidine, un agoniste du récepteur alpha adrénergique 2, pour contrer l’anxiété;
  • la quétiapine, un antipsychotique atypique, pour contrer l’anxiété;
  • la trazodone, un antidépresseur et antihistaminique, pour les troubles du sommeil;
  • l’ibuprofène, un inhibiteur de la cyclo-oxygénase, pour la douleur;
  • le dimenhydrinate, un antihistaminique, pour les nausées;
  • l’ondansétron, un inhibiteur de sérotonine, pour les nausées; et
  • le lopéramide, un opioïde périphérique, pour la diarrhée.

Au-delà des agents indiqués plus haut, d’autres médicaments peuvent aussi servir à traiter des symptômes spécifiques de sevrage.

Ces médicaments sont souvent prescrits ou utilisés dans un contexte médical. Cependant, certains pourraient obtenir ces médicaments ou d’autres (p. ex., des benzodiazépines) pour gérer eux-mêmes les symptômes de sevrage.

Sevrage et usage continu d’opioïdes

Le désir d’éviter les symptômes de sevrage est l’une des principales justifications derrière l’usage continu d’opioïdes. Les personnes qui tentent d’éviter les symptômes de sevrage et celles qui les subissent peuvent s’automédiquer aux opioïdes. Afin de s’en procurer à cette fin, ils pourraient :

  • essayer d’obtenir des opioïdes sur ordonnance en demandant une ordonnance à plusieurs prescripteurs;
  • acheter des opioïdes sur ordonnance détournés, dont de la buprénorphine-naloxone détournée (un médicament utilisé comme thérapie par agonistes opioïdes);
    • Rappel : Le terme « détourné » se rapporte à un médicament sur ordonnance qui échoue dans les mains d’une autre personne que son destinataire prévu;
  • acheter des opioïdes non réglementés – ce geste pose un risque de surdose si la personne a une expérience limitée des opioïdes de qualité non pharmaceutique.

En plus de remédier eux-mêmes aux symptômes de sevrage à l’aide d’opioïdes, certains pourraient s’automédiquer à l’aide d’agents homologués pour la gestion du sevrage (tels que listés plus haut), en obtenant une ordonnance ou en les achetant de source détournée ou non réglementée.

Questions menant à la réflexion

Après avoir parcouru ce contenu, veuillez prendre un moment pour porter attention à ce qui suit :

Comment expliqueriez-vous la tolérance aux opioïdes, la dépendance et le sevrage à un patient, à un client ou toute autre personne avec laquelle vous travaillez?

Certains patients, personnes faisant l’usage d’opioïdes, professionnels de la santé et chercheurs ont réclamé un « approvisionnement sécuritaire » d’opioïdes réglementés de qualité pharmaceutique, auxquels les utilisateurs (c.-à-d., les personnes faisant l’usage d’opioïdes) pourraient facilement accéder.

  • Selon vous, s’agit-il d’une stratégie de réduction des méfaits? Si oui, pourquoi? Sinon, pourquoi pas?
  • Êtes-vous d’accord avec l’idée d’un « approvisionnement sécuritaire » d’opioïdes? Pourquoi ou pourquoi pas?

Consultez l’information présentée ci-haut. Nous vous encourageons à discuter de ces questions avec des professionnels et avec des personnes en ayant une expérience vécue.


Questions

Quelles mesures une personne pourrait-elle prendre pour éviter les symptômes de sevrage?


Références

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