À la fin de ce sujet, l’étudiante devrait être en mesure :
Lorsqu’ils pensent aux opioïdes, la plupart des gens imaginent automatiquement des médicaments ou des drogues non réglementés. En fait, le corps humain produit des opioïdes lors de ses processus naturels de neurorégulation. Les opioïdes produits par le corps sont considérés comme étant endogènes. Ceci contraste avec les opioïdes exogènes, qui sont généralement utilisés pour des raisons médicales ou autres. Les opioïdes exogènes sont soit dérivés de plantes ou synthétiques.
Combien d’opioïdes le cerveau humain produit-il (opioïdes endogènes)?
Les opioïdes synthétiques ou d’origine végétale sont tous des molécules organiques; les opioïdes endogènes, par contre, consistent en de petits peptides (c.-à-d. des composés d’acides aminés). Ces peptides opioïdes sont dérivés de plus grosses protéines (préproopiomélanocortine, préproenképhaline et préprodynorphine).
Il y a trois principaux types de peptides opioïdes :
Les peptides opioïdes endogènes et les opioïdes exogènes (médicaments, drogues) agissent principalement par l’entremise de trois récepteurs opioïdes, soit :
Bien que les trois récepteurs opioïdes s’expriment partout dans l’organisme et dans de nombreux systèmes, les récepteurs mu sont parfois qualifiés de supraspinaux, car ils induisent de nombreux effets au cerveau, agissant notamment sur le système de récompense (le système limbique).
Les opioïdes peuvent être des agonistes complets, qui activent les récepteurs opioïdes au maximum, ou des agonistes partiels, qui ne les activent qu’en partie.
Exemples d’agonistes complets :
Exemple d’agoniste partiel :
Les opioïdes sont surtout employés pour leurs effets analgésiques (soulagement de la douleur) sur les douleurs modérées à graves provenant de diverses sources.
La douleur est signalée au cerveau par l’activation de la voie ascendante de la douleur.
Le corps humain (incluant le système opioïde) est en mesure d’atténuer la douleur en activant la voie descendante inhibitrice. Descendante parce que la voie débute au cerveau et fait son chemin jusqu’à la moelle épinière. Inhibitrice parce que cette voie inhibe les signaux de douleur ascendants.
Le système limbique comprend diverses parties du cerveau qui contrôlent ou ont un impact sur les émotions, le désir et la mémoire, entre autres éléments.
Richfield, D. (2015). Mesolimbic Pathway. Wikimedia. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mesolimbic_pathway.svg and licensed under (CC BY-SA 4.0).
Le système limbique comprend aussi une structure (nucleus accumbens) parfois appelée le « centre du plaisir », puisqu’il est lié aux notions de récompense, de renforcement et d’aversion. Diverses activités apportant un certain niveau de plaisir (p. ex., la drogue, le sexe, les jeux de hasard, les jeux vidéo) activent le système de récompense et libèrent de la dopamine, un neurotransmetteur.
Les substances comme la nicotine, les opioïdes et autres stimulent le centre du plaisir pendant que le système limbique s’attarde à la consolidation de mémoires. Le résultat? Un souvenir des actions, des personnes présentes, et du lieu associés à l’activation du centre du plaisir. Le fait d’activer le centre du plaisir et de créer de telles mémoires peut avoir un effet sur le désir de retrouver ces mêmes récompenses à l’avenir.
Remarque :La biologie derrière le fonctionnement du système limbique est l’un des éléments clés pour déterminer si une activité qui apporte un certain niveau de plaisir (pensez à l’utilisation de substances) va constituer une expérience unique, une activité occasionnelle, une activité régulière ou une activité menant possiblement à une dépendance ou à un trouble lié à l’utilisation de substances.
Pour en savoir plus sur la génétique et l’épigénétique de l’utilisation d’opioïdes et des troubles liés à l’utilisation d’opioïdes, consultez le Module 1, Indicateur D.
La thérapie ou le traitement par agonistes opioïdes (TAO) est la principale thérapie utilisée contre les troubles liés à l’utilisation d’opioïdes ou l’utilisation problématique d’opioïdes.
La méthadone est un opioïde à action prolongée et un agoniste complet des récepteurs opioïdes.
La buprénorphine est un agoniste partiel des récepteurs opioïdes; elle active ces récepteurs, mais pas totalement. Ainsi, en présence d’un agoniste complet, elle agit comme un bloqueur de récepteurs opioïdes et peut même induire des symptômes de sevrage des opioïdes.
En plus de la TAO, de nouvelles thérapies pharmacologiques, des traitements fondés sur la thérapie, des groupes de soutien, des cliniques de traitement de la toxicomanie à accès rapide, des traitements en établissement et d’autres traitements démontrent différents degrés d’efficacité (Bruneau et al., 2018; Leshner et Mancher, 2019; Taha, 2018).
Prenez un moment pour lire le texte suivant, qui présente un rétablissement réussi : l’histoire de Paul (en anglais seulement).
Nous allons revoir comment les opioïdes affectent le cerveau, de même que les concepts de base liés à la tolérance et au sevrage d’opioïdes.
Les opioïdes circulent dans le sang avant d’arriver au cerveau. Une fois dans le cerveau, ils lient les récepteurs opioïdes à la surface des neurones sensibles aux opiacés.
Bien que plusieurs zones du cerveau contiennent des récepteurs opioïdes, lorsqu’il est question de troubles liés à l’utilisation d’opioïdes, on se concentre davantage sur les trois régions suivantes :
In the brain, dopamine plays an important role in the regulation of reward and movement. As part of the reward pathway, dopamine is manufactured in nerve cell bodies located within the ventral tegmental area (VTA) and is released in the nucleus accumbens and the prefrontal cortex. Its motor functions are linked to a separate pathway, with cell bodies in the substantia nigra that manufacture and release dopamine into the striatum.
NIDA. (2006). Dopamine Pathways [Image]. Wikimedia. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dopamine_Pathways.png
Diego69. (2010). Locus Coeruleus [Image]. Wikimedia. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Locus-coeruleus.gif and licensed under (CC BY-SA 3.0
Nous allons explorer, un à la fois, les processus et structures impliqués dans l’usage d’opioïdes.
Ces changements neurochimiques peuvent entraîner une dépendance, surtout lorsque les individus comptent sur l’effet des opioïdes pour fonctionner normalement au quotidien.
Les interventions pharmacologiques impliquent l’introduction de molécules qui lient les récepteurs opioïdes, p. ex., la méthadone et la buprénorphine, mais produisent différents effets.
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Les histoires de rétablissement doivent être racontées, et ce, pour plusieurs raisons. Elles peuvent remettre en question la conception dominante ou répandue quant à l’image des toxicomanes. Les histoires de rétablissement :
Ceux qui se confient peuvent exprimer leur sentiment de contrôle et de maîtrise sur un phénomène qui dominait auparavant leur destinée ou leur vie.
Ces histoires de rétablissement permettent également à une personne de créer son propre récit, un processus qui peut s’avérer très valorisant, mais aussi de contextualiser les facteurs intrapersonnels, interpersonnels, sociétaux, culturels et politiques qui ont contribué à son trouble lié à l’utilisation de substances.
C’est particulièrement important pour les membres de peuples autochtones et de groupes marginalisés. Les effets du colonialisme, le racisme, l’oppression et d’autres facteurs distaux contribuent aux troubles liés à l’utilisation de substances.
La section suivante contient deux histoires racontées par des personnes qui défient les stéréotypes de la victime d’une dépendance et de son processus de rétablissement.
La première histoire est celle de Tara Conner, ancienne Miss USA 2006, qui milite maintenant en faveur du rétablissement et s’adresse aux foules de partout aux États-Unis:
Le deuxième récit porte sur un médecin qui a choisi de rester anonyme. Son histoire de rétablissement met l’accent sur le chevauchement de multiples aspects : le travail, la vie quotidienne, la famille, la pratique professionnelle, les amis et la communauté.
Prenez un moment pour lire l’article A Personal Story of Addiction (en anglais seulement).
Maintenant que vous avez lu ce contenu, considérez ce qui suit :
Choisissez l’une des histoires de rétablissement présentées dans ce module. Réfléchissez à l’effet qu’elle pourrait produire chez une personne aux prises avec un trouble lié à l’utilisation d’opioïdes.
Amato, L., Minozzi, S., Davoli, M., et Vecchi, S. (2013). Psychosocial combined with agonist maintenance treatments versus agonist maintenance treatments alone for treatment of opioid dependence. Cochrane Database of Systematic Reviews, 10, CD004147.
Bruneau, J., Ahamad, K., Goyer, M.-E., Poulin, G., Selby, P., Fischer, B., Wild, C., et Wood, E. (2018). Management of opioid use disorders: A national clinical practice guideline. Canadian Medical Association Journal, 190, E247–E257.
Brunton, L. L., Hilal-Dandan, R., et Knollmann, B. C. Goodman and Gilman’s the pharmacological basis of therapeutics (13e édition). McGraw-Hill Education.
Hammer, R. R., Dingel, M. J., Ostergren, J. E., Nowakowski, K. E., et Koenig, B. A. (2012). The experience of addiction as told by the addicted: Incorporating biological understandings into self-story. Culture, Medicine and Psychiatry, 36(4), 712–734. https://doi.org/10.1007/s11013-012-9283-x
Katzung, B. G. (2018). Basic and clinical pharmacology (14e édition). McGraw-Hill Education.
Kosten, T. R., et George, T. P. (2002). The neurobiology of opioid dependence: Implications for treatment. Science & Practice Perspectives, 1(1), 13–20. https://doi.org/10.1151/spp021113
Leshner, A. I., et Mander, M. (éditeurs). (2019). Medications for opioid use disorder save lives. A consensus study report. National Academies of Sciences, Engineering, Medicine.
Taha, S. (2018). Best practices across the continuum of care for the treatment of opioid use disorder. Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances.
Wang, S.-C., Chen, Y.-C., Lee, C.-H., Cheng, C.-M. (2019). Opioid addiction, genetic susceptibility, and medical treatments: A review. International Journal of Molecular Sciences, 20, 4294.
Wiklund, L. (2008). Existential aspects of living with addiction–Part 1: Meeting challenges. Journal of Clinical Nursing, 17(8), 2426–2434.https://doi.org/10.1111/j.1365-2702.2008.02356.x