À la fin de ce sujet, l’étudiante ou l’étudiant devrait être en mesure :
Lorsqu’ils pensent aux opioïdes, la plupart des gens imaginent automatiquement des médicaments ou des drogues non réglementés. En fait, le corps produit plus de 20 opioïdes de par ses processus neurorégulateurs naturels. Ces opioïdes sont appelés opioïdes endogènes, par comparaison aux opioïdes exogènes, ceux utilisés pour des raisons médicinales ou autres. Les opioïdes exogènes sont d’origine synthétique ou végétale.
Les opioïdes synthétiques ou d’origine végétale sont tous des molécules organiques; les opioïdes endogènes, par contre, consistent en de petits peptides (c.-à-d. qu’ils se composent d’acides aminés). Ces peptides opioïdes sont dérivés de plus grosses protéines (préproopiomélanocortine, préproenképhaline et préprodynorphine).
Il y a trois principaux types de peptides opioïdes :
Tant les peptides opioïdes endogènes que les opioïdes exogènes (médicaments, drogues) agissent principalement par l’entremise de trois récepteurs opioïdes :
Bien que les trois récepteurs opioïdes s’expriment partout dans l’organisme et dans de nombreux systèmes, les récepteurs mu sont parfois qualifiés de supraspinaux, car ils induisent de nombreux effets au cerveau, agissant notamment sur le système de récompense (soit le système limbique).
La plupart des opioïdes sont considérés comme des agonistes complets, c’est-à-dire qu’ils activent les récepteurs opioïdes au maximum. Certains sont des agonistes partiels, qui n’activent les récepteurs qu’en partie.
Exemples d’agoniste complet :
Exemple d’agoniste partiel :
Les opioïdes sont surtout employés pour leurs effets analgésiques (soulagement de la douleur) sur les douleurs modérées à graves provenant de diverses sources.
La douleur est signalée au cerveau par l’activation de la voie ascendante de la douleur.
Le corps humain (incluant le système opioïde) est en mesure d’atténuer la douleur en activant la voie descendante inhibitrice. Comme cette voie est orientée du cerveau vers la moelle épinière, elle fonctionne dans le sens contraire de la voie ascendante de la douleur. Elle inhibe le signal douloureux ascendant.
Les opioïdes sont surtout employés pour leurs effets analgésiques (soulagement de la douleur) sur les douleurs modérées à graves provenant de diverses sources.
Les opioïdes soulagent la douleur en :
Plus rarement, les opioïdes sont utilisés comme traitement de la diarrhée ou pour contrôler une forte toux. Ils sont également utilisés en soins palliatifs pour des cas de dyspnée (respiration difficile ou laborieuse).
Les opioïdes sont aussi employés en combinaison avec d’autres médicaments en anesthésie, pour les interventions chirurgicales et médicales.
Les effets nocifs associés à l’utilisation d’opioïdes à court terme peuvent inclure la fatigue extrême, la somnolence, les nausées et les vomissements, la constipation, les démangeaisons, etc. Pour en savoir plus, voir le Module 8, Indicateur B.
La réaction indésirable la plus grave, la dépression respiratoire, ainsi que son renversement par la naloxone, sont abordés au Module 8, Indicateur E.
Si les opioïdes servent à traiter une grande variété de types de douleur aiguë, leur utilisation et leur efficacité pour soulager la majorité des types de douleur chronique ne font pas l’unanimité.
En plus des effets indésirables associés à l’usage à court terme, l’usage à long terme d’opioïdes peut causer ces effets :
L’usage à long terme d’opioïdes est aussi lié à ces phénomènes :
Les interactions médicamenteuses peuvent être classées par types : pharmacocinétiques, pharmacologiques/pharmacodynamiques et physiologiques.
Définition
Si une interaction médicamenteuse pharmacocinétique augmente la concentration d’opioïdes, la personne risque de subir des effets indésirables accrus ou plus intenses, dont une dépression respiratoire.
Si une interaction médicamenteuse pharmacocinétique réduit la concentration d’opioïdes, une réduction du contrôle de la douleur ou des symptômes de sevrage peuvent se manifester chez la personne.
La méthadone est métabolisée par une enzyme du foie appelée CYP3A4.
Une interaction médicamenteuse pharmacologique/pharmacodynamique survient lorsque deux médicaments agissent sur le même récepteur.
La morphine active les récepteurs opioïdes et la naloxone les bloque.
Une interaction médicamenteuse physiologique se produit lorsque deux médicaments ont des effets similaires ou opposés sur l’organisme. Par exemple, l’un augmente la pression artérielle, alors que l’autre la réduit; ces deux médicaments ont un effet physiologique opposé.
Les propriétés sédatives/dépressives du SNC peuvent se combiner aux effets engendrés par d’autres dépresseurs du SNC, dont l’alcool, les benzodiazépines et les barbituriques, qui dépriment également le système respiratoire.
Souvent, les dépresseurs du SNC agissent en synergie pour causer la fatigue extrême ou la dépression respiratoire.
Comme tous les systèmes du corps humain, le système opioïde s’autorégule : lorsque le système devient hyperactif, l’organisme prend les mesures nécessaires pour limiter l’activité; dans le cas contraire, des mesures s’enclenchent pour augmenter l’activité.
Définition
À la prise d’opioïdes exogènes, le système opioïde endogène détecte la suractivité qui en découle et réagit en la réduisant. Pour ce faire, il diminue la production de peptides opioïdes endogènes et le nombre de récepteurs opioïdes, entre autres actions.
Lorsque la consommation d’opioïdes cesse, le système opioïde revient, au fil du temps, à son état initial.
Avec un usage continu, l’activité du système opioïde endogène pourrait se voir de plus en plus perturbée. Tôt ou tard, cette activité est réduite au point où l’organisme devient dépendant aux opioïdes exogènes fournis en continu, ce qu’on appelle la dépendance aux opioïdes.
Une personne dépendante aux opioïdes subira des symptômes de sevrage si elle en cesse l’usage. Le délai d’apparition de ces symptômes dépend de la demi-vie de l’opioïde utilisé :
Tzido/iStock
Si ces symptômes se manifestent, ils sont aussitôt annulés par une nouvelle dose d’opioïde. Les symptômes de sevrage peuvent être atténués par une réduction graduelle de la dose.
La gravité du sevrage s’évalue cliniquement à l’aide de la grille d’évaluation de sevrage (COWS, ou Clinical Opiate Withdrawal Scale) (Wesson et Ling, 2003).
Pourquoi le passage de la méthadone à la buprénorphine pourrait-il provoquer des symptômes de sevrage?
Feedback
La méthadone est un agoniste complet (100 %) des récepteurs opioïdes. La buprénorphine est un agoniste partiel. La buprénorphine active les récepteurs opioïdes, mais seulement en partie (disons à 50 %). Donc, si quelqu’un prenait de la buprénorphine uniquement, l’activation des récepteurs opioïdes passerait du point de référence (0) à 50 %. Cependant, en présence d’un agoniste complet, la buprénorphine réduit l’activation des récepteurs opioïdes (présumons de 100 % à environ 50 %) et peut précipiter l’apparition de symptômes de sevrage. Par conséquent, le passage de la méthadone à la buprénorphine requiert un examen, un dosage et un synchronisme minutieux.
Brunton, L. L., Hilal-Dandan, R. et Knollmann, B. C. (2018). Goodman and Gilman’s the pharmacological basis of therapeutics (13é ed.). McGraw-Hill Education.
DiPiro, J. T., Yee, G. C. L., Posey, M., Haines, S. T., Nolin, T. D. et Ellingrod, V. (2019). Pharmacotherapy: A pathophysiologic approach (11th ed.). McGraw-Hill Education.
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Wesson, D. R. et Ling, W. (2003). The Clinical Opiate Withdrawal Scale (COWS). Journal of Psychoactive Drugs, 35, pp. 253–259.